Synthèses des conférences 2014

Musique et sound design dans les séries d'animation | Conférence © D. Bouchet/CITIA

Musique et sound design dans les séries d'animation

  1. Intervenants
  2. Modérateur
  3. Synthèse
  4. Questions

Sommaire

Nos panélistes travaillent sur la postproduction des séries animées. Ils sont sound designers, compositeurs, ingénieurs du son, réalisateurs. Quels sont les rôles de la musique et du sound design dans l'animation ? Comment aborder les projets ? Chacun va parler de ses pratiques et de son travail pour mettre en lumière le lien existant entre univers graphique et univers sonore. Cette conférence est coorganisée par l'AGrAF, association qui représente et défend les auteurs d'animation.

Intervenants :

Modérateur :

  • Catherine CUENCA
    Catherine CUENCA

    Scénariste
    SACD – Société des auteurs compositeurs dramatiques

    France

Mots clés

postproduction, sound design, composition, musique, doublage, création de voix, montage son, banque de sons, bruitage, mix audio, ingénieur son, Grabouillon 

Synthèse

Pour Jean-Luc François, la musique a un rôle vital dans l'animation. Il explique comment aborder ses projets avec des compositeurs : "Sur tous les projets, j'étais présent dès le développement, pour parler de la musique avec le producteur et la chaîne. Un casting a d'abord lieu pour proposer des musiciens et des compositeurs au réalisateur, et à deux ou trois personnes de la production et de la chaîne. La production donne alors une direction au compositeur, puis des images et des dialogues pour qu'il propose une maquette."

Il a travaillé récemment sur la série télévisée 3D Grabouillon. "Pour Grabouillon, nous avons plutôt fait du sound design par ordinateur ; mais au lieu d'utiliser les banques de sons utilisées par tout le monde, nous l'avons personnalisé. Chaque personnage avait un bruit particulier quand il marchait ou courait. Au départ, tout a été fait à la bouche pour que les animateurs puissent caler les images sur le son."

Il a aussi réalisé les voix des personnages et les bruitages sur Les Mystérieuses Cités d'or saison 2, accompagnés par une musique de Bruno Coulet ; ainsi que le sound design des 65 épisodes de 5 minutes de la série en 2D traditionnelle T'choupi et Doudou diffusée sur canal J ; et a travaillé sur Allez raconte !, une série 2D en flash de 52 épisodes de 6 minutes pour M6 qui utilise la voix de Dany Boon.

Alexis Dernaucourt dirige le studio de postproduction Zynco Studio (montage son, musique, voix). Il explique qu'il faut concilier le diffuseur, le producteur et l'auteur. Les dialogues, le sound design et la musique équilibrent le mix audio. "Nous devons respecter le travail en amont des comédiens, des compositeurs et des sound designers. Le mixeur met en valeur chacun de ces éléments."

Son studio travaille souvent sur des dessins animés étrangers afin de les adapter pour la France. Il peut créer des voix avec un casting de comédiens, mais il faut retranscrire l'idée de base du directeur artistique. Pour la création de voix, chaque vignette doit être expliquée et cela comporte une phase d'essai plus longue. Le doublage est très différent, un peu mécanique car le comédien suit un texte qui défile.

Le doublage comprend une phase de détection où chaque moment d'ouverture et de fermeture de bouche est référencé. Pour la création de voix, les vignettes et le tempo donné sont importants. Le directeur de plateau a souvent un vrai échange avec le réalisateur et les voix ne se font pas sans ce dernier. En effet, une respiration dans le rythme de la phrase peut être importante et donner une émotion voulue par le réalisateur. "Pour le montage son du doublage, il y a parfois quatre ou cinq comédiens présents. Nous passons une demi-journée maximum en cabine pour la création de voix. Ensuite, le montage son du sound design passe par un échange avec le réalisateur. Il va falloir sélectionner des types de sons et leurs couleurs, puis le sound designer va fabriquer les sons nouveaux. Le montage son se fait en plusieurs couches. Nous posons les ambiances sonores d'un environnement de jungle ou de ville par exemple, puis nous ajoutons les sons de pas ou les effets spéciaux. Pour pallier la baisse des budgets, nous mettons en banque notre travail. Nous travaillons avec des banques de sons que nous enrichissons en fonction des projets", indique-t-il.

Fabrice Aboulker travaille notamment sur des longs métrages. Il explique que la composition est un travail d’équipe avec les arrangeurs et les mixeurs. Il remarque que le choix de la musique ajoutée au travail du sound designer est crucial. Le mixage constitue ensuite l’emboîtage de chaque étape (le dialogue, la musique et le sound design). Le mixeur doit prendre en compte le fait que chaque son a été validé par le réalisateur.

"Quand un réalisateur vient vous voir pour réfléchir sur le film, il donne des idées qui vont souvent être très différentes du résultat final. Il y a aujourd'hui une culture où les réalisateurs n'aiment pas les mélodies mais préfèrent les gimmicks et les ambiances. Il y a une tendance à repiquer la musique sur des banques de sons et à faire tous la même chose. Concernant les arrangements, la technologie permet de faire des choses incroyables. Produire une maquette est aujourd'hui le nouveau défi", constate Fabrice Aboulker.

Il considère que travailler sur une série ressemble à de l'art appliqué, dans le sens où cela demande de concilier les directives de plusieurs personnes, alors qu'au cinéma il est le compagnon d'un réalisateur. "Il faut parfois retirer un peu d'ambiance sonore pour rajouter de la musique. Le jeu de la dynamique dans le mixage passe par ce que souhaite le réalisateur", précise-t-il.

Questions

Parfois, le réalisateur n'a pas les mots techniques. Comment dialoguez-vous alors ?

Fabrice Aboulker : "Le rapport de la musique à l'image est très important. Il faut écouter de la musique ensemble et voir comment il réagit. Nous travaillons sur Logic Audio en studio et Pro Tools pour faire le montage et les présentations au réalisateur. Quand les maquettes sont proches de la réalité, cela facilite beaucoup le travail. L'arrangeur améliore les harmonies. L'orchestrateur rend les partitions jouables par un orchestre, puis un chef d'orchestre dirige les musiciens. Sur Maya l'abeille, il y avait 80 épisodes. Chaque personnage a son thème. Quand les dix premiers sont faits, les codes sont trouvés, sauf pour un nouveau personnage qui entrerait dans l'histoire."

Faites-vous des expérimentations avant ?

Alexis Dernaucourt : "Nous partons de la volonté d'un studio qui a un projet. Il faut souvent moins d'une semaine pour faire de l’expérimentation. Les producteurs partent du principe que tous les sons sont dans les banques sons des ordinateurs et qu'il suffit de rechercher le bon, alors que pour un dessin animé de 22 minutes il faut compter 8 jours complets de travail avec quatre ou cinq personnes pour l'enregistrement et le mix final. Nous n'avons pas le temps pour faire un maximum de corrections."

Que pensez-vous des voix d'enfants et d'adultes ?

Jean-Luc Francois: "Sur T'choupi, nous avons [collaboré avec] de vrais enfants, mais c'est difficile de les faire travailler. Il y a des contraintes de temps de travail limité et de délais pour avoir les autorisations de travail. Nous utilisons beaucoup de jeunes femmes comédiennes pour faire des voix de petits garçons ou de petites filles."

Rédigé par Alain Andrieux, ITZACOM, France

Traduit par Sheila Adrian

Les synthèses des conférences Annecy 2014 sont réalisées avec le soutien de :

DGCIS     Ministère de l'économie, du redressement productif et du numérique      Région Rhône-Alpes

Conférences organisées par CITIA     CITIA

 

En collaboration avec l'AGrAF

AGrAF

 

Contact : geraldinebache@citia.org

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